23 octobre 2013 • FED Group • 4 min

« Les premiers matchs avec une nouvelle équipe sont les plus difficiles »

Fed Finance a rencontré pour la première fois Yann Delaigue en 2012 lors de son intervention sur un séminaire interne pour nous faire partager son expérience d’international de rugby et nourrir le parallèle entre le sport et l’entreprise sur le thème de l’esprit d’équipe.

Photo Yann Delaigue



Ancien ouvreur 20 fois sélectionné en équipe de France, Yann Delaigue a réussi sa reconversion dans le milieu de l’événementiel sportif. Responsable des partenariats sportifs pour ORANGINA-SCHWEPPES, organisateur d'un tournoi de Beach Rugby et créateur du Tournoi des Six Stations, une compétition inédite de Rugby à 7 sur neige, lancée en février 2013; Il est de plus consultant rugby pour Canal +.




Aujourd’hui Fed Finance lui propose de prolonger l’exercice en traitant du thème de l’intégration d’un nouveau collaborateur dans un groupe. Il nous fait le plaisir de répondre à nos questions.

 Fed Finance : De façon générale, quelles sont les clefs d’une intégration réussie ?

Yann Delaigue
 :
La première condition est que chaque partie  soit satisfaite des éléments du deal, ait intégré les objectifs du recrutement et soit consciente des attentes de chacun.
Ensuite, il faut que le nouvel entrant se sente accueilli et attendu. Pour créer une nouvelle synergie dans l’équipe, il est important d’avoir planifié les premiers jours de cette intégration : réunions d’équipes, déjeuners de bienvenue …Il faut aussi, dans les premiers jours de sa prise de poste lui donner le temps et les moyens de découvrir son nouvel environnement (guides d’accueil, présentation de dossiers en cours, présentation aux autres services…).
La troisième condition est une communication fluide, transparente et régulière au sein de l’équipe accueillante et en particulier de la part du N+1.  Il faut de plus mixer habilement la communication formelle et les moments d’échange plus conviviaux qui permettent de créer un réel esprit d’appartenance à une entreprise, à une équipe. Dans le rugby, on accueille très souvent des joueurs étrangers, la barrière de langue n’est jamais un frein à la communication.
Enfin et surtout, le manager doit prévoir d’y consacrer du temps !! Les premiers matchs avec une nouvelle équipe sont les plus difficiles, à la fin de la saison, le niveau sera théoriquement meilleur.

Le rôle du manager dans le processus d’intégration est prépondérant, qu’en est-il de celui des collaborateurs ? 

Yann Delaigue :
Le tutorat est en effet un des leviers à mettre en œuvre pour une intégration réussie. Au rugby, ce procédé existe naturellement, un nouveau joueur est toujours pris sous son aile par un ancien, positionné sur un autre poste pour éviter la concurrence malsaine.
Quant au manager, il doit veiller également à demeurer « modeste » dans son accueil en ne cherchant pas à imposer brutalement ses méthodes. Il peut en effet se révéler  intéressant pour l’équipe d’apprendre des précédentes expériences du nouvel entrant. On retrouve cette « modestie » au rugby, où lors des phases de jeu, le capitaine est au même niveau que tous les autres joueurs. Il n’en demeure pas moins l’incarnation du leadership dans l’équipe et le garant de l’adhésion du groupe à un objectif collectif qui doit prendre le pas sur la somme des objectifs individuels.


Le nouvel entrant est aussi  acteur de son intégration.  Que peut-on attendre de lui ?

Yann Delaigue :
Il est essentiel que le nouvel arrivant comprenne qu’il doit s’adapter au groupe en mettant en avant l’évolution et l’enrichissement que cette intégration lui apporte.
A la fin de ma carrière sportive, j’ai intégré Orangina Schweppes pour m’occuper du sponsoring sportif. C’était une création de poste et certains collaborateurs ne semblaient pas convaincus par cette  arrivée. J’ai pris le problème à bras-le-corps et suis allé les voir pour les rassurer en leur expliquant clairement les objectifs de ce recrutement qui n’avait pas pour but de les supplanter.


Aujourd’hui, comment transposez-vous votre expérience sportive au milieu de l’entreprise ?

Yann Delaigue :
Je ne sais pas travailler avec des personnes que je n’apprécie pas humainement. Le lien affectif est pour moi un gage de transparence dans les échanges qui permet de se prémunir des non-dits. Pour construire une équipe unie et se surpasser ensemble pour le projet, pour l’entreprise, il faut, comme dans le sport, fêter les victoires et se remettre en question après les défaites.

 Bannière Tournoi des 6 Stations